Portraits de membres
L’AGTQ est fière de mettre en lumière celles et ceux qui font vivre notre patrimoine et notre histoire au quotidien. À travers cette nouvelle section, nous vous invitons à découvrir le parcours de certains de nos membres, leur passion pour le métier et les expériences qui les ont menés à devenir guide touristique.
Bonne lecture et belles découvertes!
Alice Aitken
Alice n'est pas encore officiellement guide touristique, mais elle en a déjà l'énergie, la passion et la vision. Née en France d'une mère québécoise et d'un père écossais, elle a grandi en jonglant avec le français et l'anglais, une double culture qu'elle considère aujourd'hui comme un atout pour accueillir les visiteurs de partout. Arrivée à Québec à l'âge de 9 ans, elle y a rapidement trouvé ses repères. Aujourd'hui, à la veille de ses 18 ans, elle complète sa formation de guide touristique au collège St.Lawrence tout en prévoyant débuter bientôt des études en technique juridique. Nous vous présentons ce mois-ci le portrait d'une future guide inspirante, dynamique et engagée.
Pourquoi as-tu choisi de suivre une formation de guide touristique ?
Au début, je cherchais surtout à me créer des opportunités. Je voulais occuper mon temps avec quelque chose d'utile et j'avais entendu parler des visites du Château Frontenac, ce qui m'intriguait beaucoup. J'ai d'abord pensé qu'il fallait absolument suivre le cours pour y travailler, alors je me suis inscrite. Finalement, j'ai appris que ce n'était pas obligatoire... mais je suis restée, parce que j'adore ça! J'aime apprendre l'histoire de Québec, j'aime l'énergie des cours, et j'ai rencontré des gens formidables. Ma professeure Marie, en particulier, m'inspire beaucoup. Elle rend les cours passionnants et vivants.
Qu'est-ce qui t'attire dans le métier de guide touristique ?
C'est sûr que les costumes me fascinent, mais surtout, c'est l'idée de rencontrer des gens de partout, de raconter l'histoire de ma ville en mode personnage, en habit d'époque. J'ai beaucoup voyagé avec ma famille, et je sais à quel point un bon guide peut complètement transformer un voyage. Je me souviens encore d’une visite thématique sur la mafia italienne que j'ai faite en Sicile! Ça m'a marqué. J'aimerais offrir la même qualité d'expérience aux gens qui visitent la ville de Québec.
Quel genre de visites aimerais-tu surtout offrir ?
Je commence à peine à conduire, alors les visites en autobus ou en voiture, ça me stresse encore un peu, puisque je ne connais pas bien les rues et la navigation dans la ville. Pour l'instant, je pense que je préfère donc les visites à pied, dans des coins que je connais bien. Je veux pouvoir me sentir confiante et maîtriser mes circuits. Quant aux groupes, j'aime les groupes de taille moyenne, jusqu'à 15 personnes. J'aime pouvoir faire des blagues avec les clients et avoir une interaction plus personnelle. Les très gros groupes me font un peu peur, mais je suis prête à m'y adapter avec le temps.
Tu prévois continuer dans ce domaine ? Ou tu vises une autre carrière ?
Je vais bientôt entrer au Cégep Garneau en technique juridique. J'aime les débats, les politiques, la recherche d'information. Mais je veux aussi continuer à être guide, au moins l'été, et renouveler mon permis chaque année. Je pense que le métier de guide m'apportera beaucoup. C’est une façon différente de transmettre des savoirs, et je suis sûre que l'histoire du Québec que j'ai apprise dans le cours me servira même dans mes études de droit.
Quels défis anticipes-tu en débutant comme guide ?
Les noms de rues, les noms de personnages historiques, les dates, la prononciation dans les deux langues... Mon cerveau navigue toujours entre l'anglais et le français, et parfois, ça fait des drôles de phrases! Je veux vraiment m'améliorer, être plus à l'aise en français comme en anglais. Et aussi, juste prendre confiance. J'ai hâte de commencer pour vrai, peut-être avec des petits groupes ou comme stagiaire avec un guide expérimenté.
Qu'est-ce que tu espères recevoir de tes futurs collègues lorsque tu commenceras à guider ?
De l'écoute, de la patience, et des conseils concrets. J'aimerais qu'on me parle des pires situations qu'ils ont vécues, pour savoir à quoi m'attendre. Je suis très visuelle, j'apprends en observant les autres. Et j'aimerais juste que les guides soient accueillants, qu'ils me montrent qu’ils aiment leur travail et qu'ils me prouvent que j'ai choisi une belle profession pour la suite.
Alice est un bel exemple de la relève dynamique qui s'intéresse au métier de guide touristique. Elle dégage une énergie contagieuse, une ouverture sur le monde et un profond respect pour la transmission du patrimoine. Gageons que les visiteurs de Québec se souviendront longtemps de son énergie, de son sourire... et de son accent unique!
André Jolin
Depuis 1998, André Jolin incarne la passion du métier de guide touristique. Aujourd’hui âgé de 83 ans, il continue de faire découvrir Québec avec enthousiasme et profondeur. Dans cette entrevue, il revient sur son parcours inspirant, les changements dans la profession, les défis d’hier et d’aujourd’hui, et partage quelques anecdotes savoureuses. Une lecture à ne pas manquer pour quiconque s’intéresse au métier de guide… ou à la richesse humaine de ceux qui le pratiquent!
Vous êtes guide depuis 27 ans. En 1998, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir guide touristique à Québec? Et êtes-vous encore actif en accompagnant des touristes de façon régulière?
Tel que dans Perrette et le pot au lait, mes projets de retraite se sont effondrés avec les restrictions budgétaires de 1996. Formé en géographie, fort d’une carrière en enseignement et en coopération internationale, je me suis tourné vers le métier de guide touristique. Quelle heureuse décision!
Québécois de naissance et curieux de nature, je doutais au départ de ce qu’un cours de guide pouvait encore m’apporter. J’ai été vite ramené à l’ordre… et dans mes livres! À 83 ans, je suis toujours actif, à l’aube de ma 28e saison. La pause forcée par la pandémie a créé une césure et affecté les fonctions essentielles pour le rôle de guide: la mémoire et la forme. Mais je continue à offrir quelques visites locales, par plaisir autant que par passion.
Diriez-vous que le métier a beaucoup changé dans le dernier quart de siècle ou si les défis sont encore les mêmes?
Beaucoup de choses ont changé et le contexte du travail s’est métamorphosé. Les visiteurs, retraités en grand nombre, ont souvent visité les grandes destinations et préparent autrement leur itinéraire, devenant plus exigeants. Les visiteurs sont plus préparés et mieux équipés. Ils anticipent les réponses, posent des questions pointues, surtout aux jeunes guides. Il ne faut pas se laisser impressionner : mieux vaut différer une réponse qu’en improviser une mauvaise.
Je me souviens de ma première visite de huit heures en autocar avec 45 clients. Pas de GPS, pas de téléphone cellulaire, un chauffeur inexpérimenté… Quelle école! À l’époque, le talon d’Achille de la formation était le manque de pratique sur le terrain. Le collège Mérici m’a confié un mandat pour y remédier : intégrer de la pratique sur le terrain dans le programme.
C’est aussi à cette période que nous sommes passés du « guide historique » au « guide touristique », une distinction importante. Les clients veulent maintenant comprendre l’ensemble de la ville, pas seulement son passé, mais aussi son fonctionnement politique, économique, social, religieux et militaire. Il en va de notre rôle de faire voir et connaître ces interrelations qui, à terme, définissent la ville et la caractérisent. Les pratiques en triades se sont avérées un outil indispensable pour renforcer les compétences des guides en marge des cours.
Racontez-nous une ou deux anecdotes qui ont marqué cette longue épopée comme guide.
L’expérience de guide est enrichissante, mais parfois troublante. Un samedi en fin d’après-midi au Manoir Montmorency, une cliente affolée m’interpelle : son autobus est parti sans elle. Je la ramène au port… où on lui indique de prendre un taxi. Prochaine escale : Gaspé!
Autre souvenir, plus tendu : une visite à l’île d’Orléans en pleine saison des pommes. Repas à Saint-Laurent à 13 h, dégustation à Saint-Pierre, navire qui quitte à 16h. Tout était serré, mais faisable… sauf que le repas est retardé, et que la propriétaire du vignoble tient à faire goûter tous ses produits, tous très appréciés. Une seule ligne téléphonique traite les paiements. À 15 h, on repart, mais la circulation est bloquée sur Dalhousie. Je descends, bâton à la main, et guide l’autocar à pied dans la voie opposée jusqu’au traversier. On arrive au Quai 21, au Foulon, avec dix minutes en retard. La passerelle est levée sitôt le dernier client monté. Je reçois mon 4%… Des explications seront nécessaires pour pouvoir reprendre mon poste.
Pour les nouveaux guides d’aujourd’hui qui n’ont que quelques mois ou quelques années d’expérience, quelles qualités considérez-vous comme les plus importantes pour un guide?
La contribution des guides à la notoriété de la ville est capitale pour valoriser son statut de ville du patrimoine mondial et les fondements de cette reconnaissance. Cette réputation tient au premier chef à la qualité même de la ville, mais un bijou ne prend toute sa valeur que s’il est bien présenté. La compétence des guides, leurs connaissances et leur professionnalisme constituent l’écrin de ce trésor. Et les visiteurs le soulignent de façon bien sentie.
Megan Louise Cairns
Megan Louise Cairns est une jeune femme dynamique et passionnée, originaire de l’Ouest canadien, plus précisément de la vallée de l'Okanagan. Curieuse et ouverte sur le monde, elle a choisi d’adopter le Québec comme nouvelle maison, où elle s’épanouit pleinement. Polyglotte accomplie, Megan maîtrise trois langues – l’anglais, l’allemand et le français –, ce qui lui permet de communiquer aisément avec des voyageurs venus des quatre coins du globe. Depuis le printemps 2022, elle exerce avec enthousiasme le métier de guide touristique.
Parle-nous un peu de tes origines et ce qui t’a amené à Québec?
J’ai grandi en Colombie-Britannique, et j’ai fréquenté une école d’immersion française, donc toute ma scolarité s’est faite en français jusqu’à l’université. À l’université, tout était en anglais, ce qui m’a permis de constater à quel point le français avait été une partie intégrante de ma vie jusque-là, et de me rendre compte que le français me manquerait si je continuais à faire ma vie en milieu anglophone. J’ai donc décidé de m’installer au Québec une fois mes études terminées. Je suis partie en me disant que la première ville où je trouverais un emploi serait la ville que je choisirais, et voilà que c’était la ville de Québec. Aujourd’hui, j’en suis très contente.
Qu’est-ce qui t’a poussée à devenir guide touristique?
En 2018, alors que j’étais encore à l’université, j’ai fait un stage à Trois-Rivières, au Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac. Il n’était pas nécessaire de faire des visites guidées des lieux en tant que stagiaire, mais c’était une possibilité, alors j’en ai fait à la toute fin de mon stage et l’expérience m’a beaucoup plu. Je pensais déjà à cette époque à la possibilité de m’installer au Québec après mes études, alors ça m’a encouragé à voir le métier de guide comme une possibilité à Québec. Une fois installée à Québec, plus je découvrais ma nouvelle ville, plus j’étais motivée à m’inscrire au cours de guide touristique pour approfondir mes connaissances et la faire découvrir aux autres.
Quels types de visites préfères-tu faire avec les touristes?
Je fais beaucoup de visites de type «Step-On», en plus de quelques visites à pied avec des croisiéristes. J’ai vécu de beaux moments avec mes touristes et les ai vus découvrir cette belle ville historique peu importe le type de visite.
Je dirais que presque les trois quarts de mes visites sont en allemand, alors c’est peut-être ça ma préférence, en fait. J’ai déjà eu des touristes allemands qui m’ont dit que dans d’autres villes, il leur a été impossible de trouver des guides capables de parler allemand, alors ils ont été obligés de participer à des visites en anglais, bien qu’ils ne maîtrisent pas complètement cette langue. De ce fait, ils sont souvent très soulagés de pouvoir se faire guider dans leur langue maternelle, et ainsi de pouvoir tout comprendre et de se sentir à l’aise à poser des questions et à échanger avec leur guide. Donc je suis ravie de pouvoir leur proposer des visites en allemand.
À part être guide, qu’est-ce que tu fais dans la vie de tous les jours? Ouvre-nous un peu la porte de ton quotidien et de tes endroits préférés à Québec.
Je passe beaucoup de temps dans le Vieux-Québec, que je sois en train de faire une visite ou non. J’aime beaucoup aller voir les musiciens de rue, qui créent une si belle ambiance dans le quartier pendant la saison touristique et qui offrent aux touristes et aux locaux la possibilité de vivre de beaux moments mémorables. Donc les endroits classiques du Vieux-Québec tels que le Petit Champlain et Place d’Armes sont probablement mes préférés, mais en dehors de la zone touristique, il y a aussi de magnifiques parcs et bibliothèques que je me plais à découvrir.
Je co-organise également des activités pour le Cercle Goethe de Québec, un organisme qui a pour mandat de familiariser le public québécois avec la langue et la culture allemandes. Nous tenons des événements sur le théâtre, la littérature, le cinéma, etc., et je trouve ça très enrichissant. J’aime également apprendre des langues, et j’espère bientôt pouvoir ajouter d’autres « langues de guidage » à mon actif.