Portraits de membres
L’AGTQ est fière de mettre en lumière celles et ceux qui font vivre notre patrimoine et notre histoire au quotidien. À travers cette nouvelle section, nous vous invitons à découvrir le parcours de certains de nos membres, leur passion pour le métier et les expériences qui les ont menés à devenir guide touristique.
Bonne lecture et belles découvertes!
Rowena Patterson
Ce mois-ci, nous vous présentons une voix anglophone qui a fait rayonner Québec pendant près de 50 ans. Quand on rencontre Rowena Patterson, 85 ans, on devine tout de suite la passion qui l’a animée pendant des décennies dans les rues de Québec. Doyenne des membres de l’AGTQ, elle a cessé de guider en 2022, après 48 ans dans le métier, mais elle continue de renouveler son permis chaque année — un geste maintenant symbolique qui traduit son attachement profond au métier et à la communauté des guides.
Comment votre parcours vous a-t-il menée vers le métier de guide touristique?
J’ai commencé à guider en 1974, alors que j’élevais mes deux enfants et que je travaillais dans les bureaux comme courtière d’assurance. C’était un emploi d’appoint au départ, un peu par hasard, mais je m’y suis vite attachée. Quand j’ai pris ma retraite à 55 ans, je suis devenue guide touristique à temps plein. C’est devenu ma vie. J’ai tellement adoré ça.
À l’époque, pour plusieurs contrats, il fallait être chauffeur-guide. Je conduisais l’autobus, je faisais la narration, et je descendais avec les touristes à chaque arrêt; sur les Plaines d’Abraham, à la Citadelle pour le changement de la garde, où les autobus pouvaient entrer dans l’enceinte de la Citadelle, sur le nouveau campus de l’Université Laval… c’était de beaux circuits. On allait même jusqu’à l’île d’Orléans et à Ste-Anne-de-Beaupré, comme certains circuits aujourd’hui.
Comment décririez-vous l’évolution du métier depuis vos débuts?
Il y a eu énormément de changements. À l’époque, on pouvait aller partout avec les minibus. Aujourd’hui, la circulation dans le Vieux-Québec est plus compliquée, les rues sont souvent fermées ou en travaux. C’est devenu difficile pour les autobus. Mais j’ai toujours préféré les visites à pied, où on est plus proches des gens, on crée un vrai lien. Les visites avec des adultes me plaisaient particulièrement — c’était plus calme, plus profond. J’ai arrêté de guider parce que je ne pouvais plus faire ce que j’aimais dans mes conditions actuelles de santé physique, même si j’ai encore toute ma tête. Mais chaque année, je renouvelle mon permis. Par fierté. Par attachement à ce métier.
En tant qu’anglophone vivant à Québec, comment avez-vous abordé la question linguistique avec les visiteurs?
Je viens d’une famille anglophone installée depuis longtemps à Québec. Ma mère est même née dans la tour Martello #2! Mon père venait de Kingston, ma mère travaillait sur des bateaux, et j’ai grandi sur St-Vallier Est et ensuite dans Sillery, où je demeure encore. Même si je suis parfaitement bilingue, j’ai surtout guidé en anglais, comme la majorité des guides. J’ai vu défiler des milliers de visiteurs et je me faisais un devoir de leur faire comprendre la réalité du Québec d’aujourd’hui, sans tomber dans les stéréotypes. Je leur disais toujours qu’on vit bien ici. Les anglophones sont une petite communauté, mais on est intégrés, on parle tous français ou presque. Aujourd’hui, les gens arrivent en sachant que Québec est francophone. Avant, ce n’était pas aussi clair pour tout le monde.
Je n’ai jamais eu de problèmes liés à la langue, mais certains visiteurs étaient surpris d’apprendre que tout se passe en français ici. Une fois, un client a été très impoli avec moi… alors je lui ai démontré, dans un français impeccable, que j’étais tout à fait capable de le comprendre — et de me faire comprendre.
Quels sont les moments ou souvenirs qui vous ont particulièrement marquée?
Un moment que je n’oublierai jamais, c’est une visite avec un petit groupe qui comprenait des personnes sourdes et muettes. À la fin, on s’est installés dans un restaurant. J’ai sorti papier et crayon, et tout le monde s’est mis à écrire pour échanger. J’ai pris le temps de leur résumer l’histoire de Québec sur un petit morceau de papier. Ils sont repartis avec quelque chose de plus que la visite : un petit morceau de mémoire.
Et puis il y a eu mes premières visites de l’île d’Orléans, les longues journées à enchaîner les groupes (parfois 4 dans la même journée!, les clients fidèles qu’on revoit année après année. Ce métier-là, on le fait parce qu’on aime les gens.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon guide touristique?
C’est d’abord une personne qui aime les gens. Quelqu’un de présent, d’attentionné. On ne fait pas juste transmettre des faits, on crée un lien. C’est une performance, mais c’est surtout une relation humaine. À chaque groupe, il faut s’adapter, capter leur attention, leur donner envie de s’intéresser. On apprend vite dans ce métier, parce qu’on n’a pas le choix!
Quel avenir souhaitez-vous pour la profession?
Je souhaite que notre métier reste reconnu. Le permis de guide est essentiel — c’est une preuve de compétence, mais aussi une façon de protéger notre profession. Et pour la ville, j’espère qu’on trouvera des façons de garder le centre historique vivant et accessible, même si des zones deviennent piétonnes. Il faut que ça reste une ville qu’on peut faire découvrir avec facilité et beaucoup de passion.
Louise Labelle
Ce mois-ci, nous vous présentons une guide d’expérience qui incarne à merveille la passion du métier. Louise Labelle guide depuis plus de dix ans dans les rues de Québec, toujours avec le même enthousiasme communicatif. Elle aime faire découvrir la ville aux visiteurs de tous horizons, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, curieux ou surpris d’apprendre qu’on parle français en Amérique! Elle a aussi été présidente de l’AGTQ, et elle nous partage ici ses réflexions sur la fierté d’être guide, sur les responsabilités que cela implique, et sur les moyens concrets de valoriser davantage notre profession.
Depuis quand es-tu guide touristique, et qu’est-ce qui t’a amenée à choisir ce métier?
Je suis guide touristique depuis 2013 — déjà 12 ans! Par intérêt pour la ville de Québec, j’ai décidé en 2012 de suivre le cours de guide touristique pour en apprendre davantage sur cette ville que j’aime tant. Le cours comprenait des exercices pratiques que j’ai beaucoup appréciés. J’ai alors décidé de prendre mon permis, juste « pour voir », et j’ai tout de suite été atteinte de cette merveilleuse piqûre! J’adore présenter ma ville aux visiteurs. C’est l’occasion de rencontrer des gens intéressants et curieux, de rester en forme, de parler anglais, et surtout, de partager tout l’enthousiasme que je ressens pour Québec.
Quel type de visites fais-tu et préfères-tu? As-tu eu l’occasion d’essayer différentes clientèles ou formules au fil des ans?
Oui! J’ai fait des « step-on » à Québec, des visites privées en voitures de luxe vers Sainte-Anne-de-Beaupré et les environs, des excursions en autobus bien remplis à l’île d’Orléans. J’ai guidé des groupes scolaires, des croisiéristes plutôt âgés… et j’ai aimé toutes ces expériences!
Mais ce que je préfère, de loin, ce sont les visites à pied. Elles permettent de s’adapter à toutes sortes de clientèles et de situations. J’adore les petites familles où les enfants posent des questions étonnantes, les gens qui découvrent qu’il existe des francophones en Amérique, les Canadiens qui en apprennent sur des pans méconnus de notre histoire, ou encore les étudiants bien préparés par des profs passionnés.
J’aime voir la fierté dans les yeux des visiteurs quand ils réalisent tout ce qu’ils ont appris. Ce que je préfère par-dessus tout, c’est expliquer qui nous sommes et en quoi nous sommes différents des autres nations nord-américaines. Mon plus beau cadeau? C’est de voir, dans le regard des gens, qu’ils ont saisi ce qui rend Québec si spéciale et qu’ils repartent avec un certain respect pour ce que nous sommes. Je me souviens encore de ce petit garçon à qui j’avais donné le titre d’« assistant de la guide » — à la fin, il m’a dit : « C’est le plus beau jour de ma vie! »
Bref, c’est un privilège d’être guide touristique dans une ville aussi magnifique, et j’en profite pleinement!
Tu as aussi été présidente de l’AGTQ. À ton avis, que nous faudrait-il pour devenir des guides encore meilleurs?
J’y ai beaucoup réfléchi, et je crois que ce qu’il nous manque, c’est la fierté. Fierté de notre métier, de notre ville, de notre histoire, de ce que nous sommes aujourd’hui et de ce que nous serons demain.
Être guide, c’est un immense privilège. Nous sommes les porteurs d’un savoir qu’il faut transmettre au plus grand nombre. Parfois, les touristes en savent plus sur notre ville que certains citoyens! Et il me semble que plus les guides sont fiers de ce qu’ils font, plus ils ont envie de s’améliorer. C’est une roue positive. Mais la fierté ne vient pas de l’extérieur. Elle vient de notre propre communauté.
C’est pourquoi je crois que l’AGTQ et les guides devraient faire plus d’efforts pour valoriser notre travail, notre ville et notre rôle. On le fait déjà, mais timidement. Chaque fois qu’on ose, c’est accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. Il est temps de frapper un grand coup. Je rêve d’une grande campagne de fierté. Il faut que les guides deviennent des ambassadeurs visibles et actifs dans la communauté. Durant la saison plus calme, on devrait offrir des visites gratuites à différents groupes : des organismes communautaires, des artistes, des membres des chambres de commerce, du conseil municipal, des équipes sportives (oui, les Capitales de Québec!), du personnel de musées, etc. Tous ces gens doivent prendre conscience qu’on a à Québec des guides d’exception. Il faut ratisser large!
Et pour ça, il existe du financement, notamment à la Table de concertation. Oui, c’est du travail, et l’AGTQ a déjà beaucoup à faire — je le sais! Mais la coordination pourrait être soutenue par ces fonds. Ce sont nos taxes, après tout! On a réussi à se faire reconnaître par les autorités, après beaucoup d’efforts. Maintenant, il faut que la population tout entière sache qui nous sommes. Je veux que les guides puissent dire fièrement : « Moi, je suis guide touristique », et que ça signifie quelque chose. Et que les citoyens de Québec disent avec confiance : « On a d’excellents guides, et on est bien représentés auprès de nos visiteurs. »
Je le répète : plus les guides seront fiers, plus ils auront envie de se dépasser. Les outils de perfectionnement sont là, et l’AGTQ les connaît bien. Je partage ce rêve peut-être un peu naïvement… mais je crois qu’il faut voir grand, parce que nous sommes grands.
Alice Aitken
Alice n'est pas encore officiellement guide touristique, mais elle en a déjà l'énergie, la passion et la vision. Née en France d'une mère québécoise et d'un père écossais, elle a grandi en jonglant avec le français et l'anglais, une double culture qu'elle considère aujourd'hui comme un atout pour accueillir les visiteurs de partout. Arrivée à Québec à l'âge de 9 ans, elle y a rapidement trouvé ses repères. Aujourd'hui, à la veille de ses 18 ans, elle complète sa formation de guide touristique au collège St.Lawrence tout en prévoyant débuter bientôt des études en technique juridique. Nous vous présentons ce mois-ci le portrait d'une future guide inspirante, dynamique et engagée.
Pourquoi as-tu choisi de suivre une formation de guide touristique ?
Au début, je cherchais surtout à me créer des opportunités. Je voulais occuper mon temps avec quelque chose d'utile et j'avais entendu parler des visites du Château Frontenac, ce qui m'intriguait beaucoup. J'ai d'abord pensé qu'il fallait absolument suivre le cours pour y travailler, alors je me suis inscrite. Finalement, j'ai appris que ce n'était pas obligatoire... mais je suis restée, parce que j'adore ça! J'aime apprendre l'histoire de Québec, j'aime l'énergie des cours, et j'ai rencontré des gens formidables. Ma professeure Marie, en particulier, m'inspire beaucoup. Elle rend les cours passionnants et vivants.
Qu'est-ce qui t'attire dans le métier de guide touristique ?
C'est sûr que les costumes me fascinent, mais surtout, c'est l'idée de rencontrer des gens de partout, de raconter l'histoire de ma ville en mode personnage, en habit d'époque. J'ai beaucoup voyagé avec ma famille, et je sais à quel point un bon guide peut complètement transformer un voyage. Je me souviens encore d’une visite thématique sur la mafia italienne que j'ai faite en Sicile! Ça m'a marqué. J'aimerais offrir la même qualité d'expérience aux gens qui visitent la ville de Québec.
Quel genre de visites aimerais-tu surtout offrir ?
Je commence à peine à conduire, alors les visites en autobus ou en voiture, ça me stresse encore un peu, puisque je ne connais pas bien les rues et la navigation dans la ville. Pour l'instant, je pense que je préfère donc les visites à pied, dans des coins que je connais bien. Je veux pouvoir me sentir confiante et maîtriser mes circuits. Quant aux groupes, j'aime les groupes de taille moyenne, jusqu'à 15 personnes. J'aime pouvoir faire des blagues avec les clients et avoir une interaction plus personnelle. Les très gros groupes me font un peu peur, mais je suis prête à m'y adapter avec le temps.
Tu prévois continuer dans ce domaine ? Ou tu vises une autre carrière ?
Je vais bientôt entrer au Cégep Garneau en technique juridique. J'aime les débats, les politiques, la recherche d'information. Mais je veux aussi continuer à être guide, au moins l'été, et renouveler mon permis chaque année. Je pense que le métier de guide m'apportera beaucoup. C’est une façon différente de transmettre des savoirs, et je suis sûre que l'histoire du Québec que j'ai apprise dans le cours me servira même dans mes études de droit.
Quels défis anticipes-tu en débutant comme guide ?
Les noms de rues, les noms de personnages historiques, les dates, la prononciation dans les deux langues... Mon cerveau navigue toujours entre l'anglais et le français, et parfois, ça fait des drôles de phrases! Je veux vraiment m'améliorer, être plus à l'aise en français comme en anglais. Et aussi, juste prendre confiance. J'ai hâte de commencer pour vrai, peut-être avec des petits groupes ou comme stagiaire avec un guide expérimenté.
Qu'est-ce que tu espères recevoir de tes futurs collègues lorsque tu commenceras à guider ?
De l'écoute, de la patience, et des conseils concrets. J'aimerais qu'on me parle des pires situations qu'ils ont vécues, pour savoir à quoi m'attendre. Je suis très visuelle, j'apprends en observant les autres. Et j'aimerais juste que les guides soient accueillants, qu'ils me montrent qu’ils aiment leur travail et qu'ils me prouvent que j'ai choisi une belle profession pour la suite.
Alice est un bel exemple de la relève dynamique qui s'intéresse au métier de guide touristique. Elle dégage une énergie contagieuse, une ouverture sur le monde et un profond respect pour la transmission du patrimoine. Gageons que les visiteurs de Québec se souviendront longtemps de son énergie, de son sourire... et de son accent unique!
André Jolin
Depuis 1998, André Jolin incarne la passion du métier de guide touristique. Aujourd’hui âgé de 83 ans, il continue de faire découvrir Québec avec enthousiasme et profondeur. Dans cette entrevue, il revient sur son parcours inspirant, les changements dans la profession, les défis d’hier et d’aujourd’hui, et partage quelques anecdotes savoureuses. Une lecture à ne pas manquer pour quiconque s’intéresse au métier de guide… ou à la richesse humaine de ceux qui le pratiquent!
Vous êtes guide depuis 27 ans. En 1998, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir guide touristique à Québec? Et êtes-vous encore actif en accompagnant des touristes de façon régulière?
Tel que dans Perrette et le pot au lait, mes projets de retraite se sont effondrés avec les restrictions budgétaires de 1996. Formé en géographie, fort d’une carrière en enseignement et en coopération internationale, je me suis tourné vers le métier de guide touristique. Quelle heureuse décision!
Québécois de naissance et curieux de nature, je doutais au départ de ce qu’un cours de guide pouvait encore m’apporter. J’ai été vite ramené à l’ordre… et dans mes livres! À 83 ans, je suis toujours actif, à l’aube de ma 28e saison. La pause forcée par la pandémie a créé une césure et affecté les fonctions essentielles pour le rôle de guide: la mémoire et la forme. Mais je continue à offrir quelques visites locales, par plaisir autant que par passion.
Diriez-vous que le métier a beaucoup changé dans le dernier quart de siècle ou si les défis sont encore les mêmes?
Beaucoup de choses ont changé et le contexte du travail s’est métamorphosé. Les visiteurs, retraités en grand nombre, ont souvent visité les grandes destinations et préparent autrement leur itinéraire, devenant plus exigeants. Les visiteurs sont plus préparés et mieux équipés. Ils anticipent les réponses, posent des questions pointues, surtout aux jeunes guides. Il ne faut pas se laisser impressionner : mieux vaut différer une réponse qu’en improviser une mauvaise.
Je me souviens de ma première visite de huit heures en autocar avec 45 clients. Pas de GPS, pas de téléphone cellulaire, un chauffeur inexpérimenté… Quelle école! À l’époque, le talon d’Achille de la formation était le manque de pratique sur le terrain. Le collège Mérici m’a confié un mandat pour y remédier : intégrer de la pratique sur le terrain dans le programme.
C’est aussi à cette période que nous sommes passés du « guide historique » au « guide touristique », une distinction importante. Les clients veulent maintenant comprendre l’ensemble de la ville, pas seulement son passé, mais aussi son fonctionnement politique, économique, social, religieux et militaire. Il en va de notre rôle de faire voir et connaître ces interrelations qui, à terme, définissent la ville et la caractérisent. Les pratiques en triades se sont avérées un outil indispensable pour renforcer les compétences des guides en marge des cours.
Racontez-nous une ou deux anecdotes qui ont marqué cette longue épopée comme guide.
L’expérience de guide est enrichissante, mais parfois troublante. Un samedi en fin d’après-midi au Manoir Montmorency, une cliente affolée m’interpelle : son autobus est parti sans elle. Je la ramène au port… où on lui indique de prendre un taxi. Prochaine escale : Gaspé!
Autre souvenir, plus tendu : une visite à l’île d’Orléans en pleine saison des pommes. Repas à Saint-Laurent à 13 h, dégustation à Saint-Pierre, navire qui quitte à 16h. Tout était serré, mais faisable… sauf que le repas est retardé, et que la propriétaire du vignoble tient à faire goûter tous ses produits, tous très appréciés. Une seule ligne téléphonique traite les paiements. À 15 h, on repart, mais la circulation est bloquée sur Dalhousie. Je descends, bâton à la main, et guide l’autocar à pied dans la voie opposée jusqu’au traversier. On arrive au Quai 21, au Foulon, avec dix minutes en retard. La passerelle est levée sitôt le dernier client monté. Je reçois mon 4%… Des explications seront nécessaires pour pouvoir reprendre mon poste.
Pour les nouveaux guides d’aujourd’hui qui n’ont que quelques mois ou quelques années d’expérience, quelles qualités considérez-vous comme les plus importantes pour un guide?
La contribution des guides à la notoriété de la ville est capitale pour valoriser son statut de ville du patrimoine mondial et les fondements de cette reconnaissance. Cette réputation tient au premier chef à la qualité même de la ville, mais un bijou ne prend toute sa valeur que s’il est bien présenté. La compétence des guides, leurs connaissances et leur professionnalisme constituent l’écrin de ce trésor. Et les visiteurs le soulignent de façon bien sentie.
Megan Louise Cairns
Megan Louise Cairns est une jeune femme dynamique et passionnée, originaire de l’Ouest canadien, plus précisément de la vallée de l'Okanagan. Curieuse et ouverte sur le monde, elle a choisi d’adopter le Québec comme nouvelle maison, où elle s’épanouit pleinement. Polyglotte accomplie, Megan maîtrise trois langues – l’anglais, l’allemand et le français –, ce qui lui permet de communiquer aisément avec des voyageurs venus des quatre coins du globe. Depuis le printemps 2022, elle exerce avec enthousiasme le métier de guide touristique.
Parle-nous un peu de tes origines et ce qui t’a amené à Québec?
J’ai grandi en Colombie-Britannique, et j’ai fréquenté une école d’immersion française, donc toute ma scolarité s’est faite en français jusqu’à l’université. À l’université, tout était en anglais, ce qui m’a permis de constater à quel point le français avait été une partie intégrante de ma vie jusque-là, et de me rendre compte que le français me manquerait si je continuais à faire ma vie en milieu anglophone. J’ai donc décidé de m’installer au Québec une fois mes études terminées. Je suis partie en me disant que la première ville où je trouverais un emploi serait la ville que je choisirais, et voilà que c’était la ville de Québec. Aujourd’hui, j’en suis très contente.
Qu’est-ce qui t’a poussée à devenir guide touristique?
En 2018, alors que j’étais encore à l’université, j’ai fait un stage à Trois-Rivières, au Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac. Il n’était pas nécessaire de faire des visites guidées des lieux en tant que stagiaire, mais c’était une possibilité, alors j’en ai fait à la toute fin de mon stage et l’expérience m’a beaucoup plu. Je pensais déjà à cette époque à la possibilité de m’installer au Québec après mes études, alors ça m’a encouragé à voir le métier de guide comme une possibilité à Québec. Une fois installée à Québec, plus je découvrais ma nouvelle ville, plus j’étais motivée à m’inscrire au cours de guide touristique pour approfondir mes connaissances et la faire découvrir aux autres.
Quels types de visites préfères-tu faire avec les touristes?
Je fais beaucoup de visites de type «Step-On», en plus de quelques visites à pied avec des croisiéristes. J’ai vécu de beaux moments avec mes touristes et les ai vus découvrir cette belle ville historique peu importe le type de visite.
Je dirais que presque les trois quarts de mes visites sont en allemand, alors c’est peut-être ça ma préférence, en fait. J’ai déjà eu des touristes allemands qui m’ont dit que dans d’autres villes, il leur a été impossible de trouver des guides capables de parler allemand, alors ils ont été obligés de participer à des visites en anglais, bien qu’ils ne maîtrisent pas complètement cette langue. De ce fait, ils sont souvent très soulagés de pouvoir se faire guider dans leur langue maternelle, et ainsi de pouvoir tout comprendre et de se sentir à l’aise à poser des questions et à échanger avec leur guide. Donc je suis ravie de pouvoir leur proposer des visites en allemand.
À part être guide, qu’est-ce que tu fais dans la vie de tous les jours? Ouvre-nous un peu la porte de ton quotidien et de tes endroits préférés à Québec.
Je passe beaucoup de temps dans le Vieux-Québec, que je sois en train de faire une visite ou non. J’aime beaucoup aller voir les musiciens de rue, qui créent une si belle ambiance dans le quartier pendant la saison touristique et qui offrent aux touristes et aux locaux la possibilité de vivre de beaux moments mémorables. Donc les endroits classiques du Vieux-Québec tels que le Petit Champlain et Place d’Armes sont probablement mes préférés, mais en dehors de la zone touristique, il y a aussi de magnifiques parcs et bibliothèques que je me plais à découvrir.
Je co-organise également des activités pour le Cercle Goethe de Québec, un organisme qui a pour mandat de familiariser le public québécois avec la langue et la culture allemandes. Nous tenons des événements sur le théâtre, la littérature, le cinéma, etc., et je trouve ça très enrichissant. J’aime également apprendre des langues, et j’espère bientôt pouvoir ajouter d’autres « langues de guidage » à mon actif.